Historique du centre hospitalier Camille Claudel
De l’asile d’aliénés au centre hospitalier Camille Claudel
Création de l’asile d’aliénés de la Charente
Une loi du 30 juin 1838 crée l’obligation de construire des bâtiments spécialement destinés à recevoir et soigner les aliénés.
Afin de répondre à la loi et aux besoins de la population du département, une commission chargée du projet de création d’un asile d’aliénés à Angoulême, est créée le 2 août 1847.
En 1858, le Conseil Général de la Charente vote le principe de la construction de l’établissement mais sans pour autant donner les moyens financiers permettant sa réalisation. C’est la raison pour laquelle le terrain n’est acquis que le 20 septembre 1859, sur la commune de La Couronne, près du village de Breuty. En 1865, l’asile ouvre ses portes, avec une capacité de 150 lits (75 lits pour les femmes et 75 pour les hommes).
Le Conseil Général attribue la gestion de l’établissement à la congrégation de Sainte Marthe d’Angoulême et à un médecin directeur, alors seul médecin de l’établissement.
En 1880, 345 malades des deux sexes sont hébergés. Progressivement, l’asile s’équipe et fonctionne en autarcie. Une ferme voit le jour sur la propriété comprenant environ 79 ha de culture, ainsi qu’une exploitation bovine et une porcherie, ce qui occupe un grand nombre de malades et permet d’abaisser le prix de journée à la charge du département (la vie étant alors organisée autour de l’autosuffisance).
De l’asile à l’hôpital psychiatrique
Après une période de grande pauvreté, pendant et après la seconde guerre mondiale (1939-1947), l’asile devenu hôpital psychiatrique est administré par un nouveau médecin directeur qui opte pour un réaménagement des services.
Un service d’hospitalisation libre dénommé « clinique neuropsychiatrique Esquirol » est ouvert en 1949, accueillant une population exclusivement féminine. Ce n’est qu’en 1954 que des hommes y seront admis. C’est également à cette date qu’un service pour enfants est créé au lieu-dit « Le Grand Girac ». A Esquirol, les « nouvelles techniques » de traitement de la maladie mentale (électrochocs, insulinothérapie, chimiothérapie) sont appliquées. La clinique dispose également d’une salle d’électroencéphalographie. La durée de séjour, d’un mois environ, est courte pour l’époque. Les autres services de l’hôpital dévolus aux pathologies lourdes sont fermés à l’exception d’un pavillon de « travailleurs » qui compte jusqu’à 120 malades.
Deux phénomènes marqueront la vie des malades mentaux durant cette période : d’une part l’arrivée, après la guerre, de thérapeutiques nouvelles, et d’autre part, en 1955, celle des neuroleptiques qui permettent de calmer l’agitation, de mieux communiquer avec le patient et de limiter la contention physique. A cette époque, l’établissement accueille 850 malades.
En 1947, un corps d’infirmiers spécialisés en psychiatrie est créé. Cette création avait été précédée après la 1ère guerre mondiale, par diverses procédures de sélection des gardiens et par la mise en place d’un enseignement de base.
Par la suite, le corps des « gardiens » non qualifiés fait place à celui d’infirmiers diplômés, formés aux nouvelles techniques de soins. Ainsi, le courant des psychothérapies institutionnelles, né à Saint-Alban pendant la guerre, parvient à La Couronne.
Des ateliers d’ergothérapie voient le jour ainsi qu’une activité de sociothérapie sous la forme de « bars », où les malades peuvent acheter des boissons non alcoolisées et des friandises. Des kermesses sont organisées une à deux fois par an. A cette époque, les « patients travailleurs » reçoivent un pécule leur permettant d’améliorer l’ordinaire mais aussi d’acheter du tabac (vendu à l’intérieur de l’hôpital).
Néanmoins, l’ouverture sur l’extérieur reste limitée. Seules des consultations en hygiène mentale sont mises en place au dispensaire d’Angoulême, puis à Confolens et Barbezieux. L’hôpital psychiatrique devient Centre psychothérapique de la Charente.
La sectorisation
La circulaire de 1960, préconisant un découpage du territoire national en aires géodémographiques appelées secteurs, est progressivement appliquée. La sectorisation devient effective en septembre 1972 par la création de trois secteurs adultes et un secteur enfant (Service de Neuropsychiatrie Infantile).
Plus tard, la Charente est découpée en quatre secteurs adultes d’environ 80 000 habitants chacun et deux secteurs enfants de près de 170 000 habitants chacun. Cette organisation prévoit que chaque secteur soit confié à une équipe médicale et paramédicale propre, assurant les soins de cure et de suivi, ainsi que la prévention sur l’aire géographique qu’il lui appartient de couvrir.
En 1974, un directeur, non médecin mais membre du corps des directeurs d’hôpitaux, est nommé au centre hospitalier spécialisé.
La mise en place progressive d’une politique de secteur modifie les pratiques et la prise en charge des patients, mais sans effets immédiats sur le dispositif de soins intra-muros. Il faut attendre les années 1980 pour voir apparaître le premier hôpital de jour hors site ainsi que la création d’un foyer à visée de déchronicisation. Cette évolution se traduit également par le développement croissant du travail extrahospitalier.
Du centre hospitalier spécialisé de la Charente au centre hospitalier Camille Claudel
A partir de 1990, l’établissement amorce une transformation annoncée dans son schéma directeur, en diminuant la capacité en lits des unités d’hospitalisation complète. En effet, des pavillons sont fermés au profit d’ouverture de structures extrahospitalières qui permettent ainsi de mailler le territoire charentais. De nouveaux lieux d’accueil et de consultation voient le jour pour la prise en charge des adultes comme pour celle des enfants (alcoologie, centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie, psychiatrie de liaison, Mikado, hôpitaux de jour…)
C’est en 1999 que le centre hospitalier spécialisé adopte le nom de centre hospitalier Camille Claudel, établissement public de santé mentale de la Charente.
Au fil des années, les prises en charge se sont diversifiées, notamment en développant une offre médico-sociale, afin de s’adapter aux évolutions des besoins de la population du territoire.
De nos jours, l’accent est mis sur la désinstitutionalisation des patients et le renforcement des accompagnements hors les murs, au plus près des lieux de vie. Le développement des équipes mobiles ainsi que le projet de création d’une unité d’hospitalisation à domicile s’inscrivent dans ce mouvement.